Un roman féministe à lire absolument

Bonjour !

Chronique d’un coup de cœur :

Rose Rage, écrit par Illana Cantin et paru en septembre 2020 chez Hachette

Le résumé

« – T’as entendu parler de cette fille qui a été renvoyée parce qu’elle avait tabassé un mec dans la file de la cantine ? Il lui avait touché les fesses…

– C’est pas juste. C’est pas elle qui devrait être renvoyée, c’est lui. Et si j’avais un moyen de faire éclater la vérité au grand jour ?

Pour Rachèle, à la tête du journal du lycée, il est impossible de laisser passer une nouvelle injustice. Ça fait trop longtemps que ça dure. Que tout le monde ferme les yeux. Elle décide donc d’appeler toutes les filles, toutes les femmes de l’établissement à faire grève. Il est temps pour elles de se faire entendre. Il faut que certaines choses changent enfin. »

Ce qui était épuisant pour une femme, ce n’était pas d’avoir ses règles – d’ailleurs, toutes les femmes n’avaient pas de règles, et toutes les personnes avec des règles n’étaient pas des femmes ! -, mais de devoir sans cesse prendre en compte des situations dont les hommes n’avaient parfois même pas idée.

L’histoire

Au lycée Olympe de Gouges, Rachèle décide de s’engager contre l’injustice faite à Ameline. Ameline, c’est une élève qui se fait harceler sexuellement depuis plusieurs jours par les garçons du lycée, qui se permettent des remarques, des gestes, des commentaires sur les réseaux sociaux. Un jour, un garçon dans la file d’attente de la cantine lui touche les fesses. Sans son consentement, bien sûr. Pour Ameline, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase : elle tabasse celui qui lui a fait ça.

Le problème, c’est que la direction estime qu’Ameline est coupable, et que le garçon est une victime : Ameline n’a aucune preuve de ce qu’elle subit au quotidien, et les commentaires sur les réseaux sociaux sont jugés comme n’étant pas du ressort de l’école, car le harcèlement se passe en ligne, hors des murs de l’établissement.

Rachèle fait donc la grève avec une poignée d’autres filles, afin de défendre leurs droits et de faire du lycée un endroit où elles se sentent en sécurité.

Sauf que rien ne se passe comme prévu : leurs actions sont critiquées par des parents qui estiment qu’elles n’ont pas à empêcher les autres élèves d’accéder à l’éducation, des élèves mettent tout en oeuvre pour les empêcher de passer leur message, la direction fait la sourde oreille et fait intervenir les forces de l’ordre.

Visiblement, dans ce monde, demander un peu plus de justice pour les femmes, c’est empiéter sur les libertés des hommes.

Mon avis

Gros coup de cœur pour ce manifeste féministe !

Le roman est facile à lire, addictif, les personnages principaux sont attachants et on veut savoir où va les mener ce combat.

Être une femme, se définir comme femme en 2020, c’est voir son corps tomber dans le domaine public, et voir des hommes (et d’autres femmes, parfois), vouloir se l’approprier.

« On ne doit pas voir les tétons d’une femme à travers son tee-shirt », « on ne doit pas voir ses bretelles de soutien-gorge sous son débardeur », « une femme ça a les cheveux longs », « si une femme se maquille trop c’est une pu** », « si elle ne se maquille pas assez elle ne prend pas soin d’elle », « vu comment elle était habillée elle l’a cherché », « c’est une salo** elle est sortie avec plein de mecs » (VS « c’est un champion il est sorti avec plein de filles »), « elle fera une bonne mère », « alors c’est pour quand les enfants ? », « t’as un petit copain ? », « elle est trop grosse », « elle est trop maigre »

Notre corps, nos choix. Ne pas vouloir d’enfants, ne pas vouloir se marier. Pouvoir choisir les vêtements que l’on porte et se sentir en sécurité avec une jupe ou un crop top. Ne pas avoir besoin d’un homme ou de deux parents pour réussir. Pouvoir se promener seule dans la rue sans avoir peur. Aimer son corps peu importe sa forme ou sa couleur. Avoir le droit de dire non.

Ce roman aborde très bien ces thèmes, et d’autres encore : les relations toxiques, l’endométriose, la grossophobie, les violences policières basées sur la couleur de peau, la place des hommes dans la lutte féministe…

– C’est ça aussi, le but du féminisme, c’est comprendre que toutes les femmes ont des expériences de vie différentes et qu’en tant que fille ou femme, on ne peut pas tout résoudre seule. Tu as ton combat, j’ai le mien, Manon a le sien…

C’est une lecture que je ne peux que vous conseiller, elle éduque tout en divertissant, l’auteure écrit très bien et le sujet est on ne peut plus d’actualité !

P.S : Désolée si cette chronique est si longue, j’avais beaucoup de choses à dire ! 🙂