Publié dans Bandes dessinées / Romans graphiques, Mes coups de cœur, Mes lectures

Un raz de marée émotionnel

Bonjour !

Je vous retrouve aujourd’hui pour vous parler de :

Le veilleur des brumes, série composée de trois romans graphiques de Robert Kondo et Dice Tsutsumi, regroupés en une intégrale en novembre 2022 chez Bande d’ados (label de Bayard et Milan)

Le résumé

« Empêcher les ténèbres d’entrer, c’est la mission du veilleur des brumes.
C’est ce que répétait sans cesse le père de Pierre, avant de disparaître. À présent, c’est au jeune garçon que revient cette mission capitale : veiller sur le barrage et faire tourner le complexe mécanisme du moulin afin de repousser les brumes mortelles qui menacent d’engloutir Val-de-l’Aube comme elles l’ont fait du reste du monde.


Veilleur des brumes, c’est une responsabilité solitaire : si, ailleurs, le monde est mort, au cœur du paisible village, la vie a repris, avec son lot de joies et de contrariétés. Pierre va à l’école, a des amis. Pourtant, lorsque vient le soir, il est de retour dans sa tour, face à l’épais brouillard qui lui a volé son père, pour permettre aux habitants de conserver leur insouciance.
Mais, de l’autre côté des murailles, les ténèbres prennent des forces. Le raz de marée mortel revient plus fortement chaque fois, et Pierre et ses camarades vont devoir mener ensemble cette ultime épreuve, ce dernier combat contre les brumes. »

Mon avis

Tant de douceur dans un seul livre… Mon petit cœur risque d’avoir du mal à s’en remettre !

Cette intégrale réunit les trois tomes de la série, dans laquelle on suit Pierre le petit cochon (il est adorable) dans ses multiples quêtes. Il souhaite sauver les habitants de sa ville en trouvant l’origine des raz de marée qui ont détruit le barrage, mais aussi retrouver son père, qui l’a abandonné quelques années plus tôt pour partir dans les brumes.

Les personnages qui l’accompagnent dans sa recherche de réponses sont tout aussi attachants et profonds, chacun apporte sa pierre à l’édifice et met du sien pour que l’équipe arrive à ses fins.

Il n’y a pas de vie, dans les brumes… on n’y trouve que des souvenirs…

Récit écologique, réflexion sur la famille, l’amitié, la mort, la tolérance… Ce roman graphique est bien plus qu’une simple histoire d’aventure. Il plaira autant aux adultes qu’aux ados, le principal étant d’être prêt.e au raz de marée d’émotions lors de la lecture de ce pavé de 500 pages.

Que dire des illustrations ? Elles sont magnifiques, la taille du livre permet de faire des doubles-pages qui donnent des frissons tout au long de la lecture. Elles sont douces, pleines de détails et de chaleur !

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Un vent de liberté

Bonjour !

Je vous retrouve aujourd’hui pour vous parler de :

Hoka Hey !, bande dessinée de Neyef parue en octobre 2022 chez le Label 619

Le résumé

« Dès 1850, les jeunes Amérindiens étaient internés de force dans des pensionnats catholiques pour les assimiler à la nation américaine. En 1900, la population des natifs en Amérique du Nord avait diminué de 93%. La plupart étaient morts de nouvelles maladies importées par les colons, d’exterminations subventionnés par l’état, et lors des déportations.

Georges est un jeune Lakota élevé par le pasteur qui administre sa réserve. Acculturé, le jeune garçon oublie peu à peu ses racines et rêve d’un futur inspiré du modèle américain, en pleine expansion.
Il va croiser la route de Little Knife, Amérindien froid et violent à la recherche du meurtrier de sa mère. Accompagné de ses deux comparses, celui-ci arrache Georges à sa vie et l’embarque dans son périple. Au fil de leur voyage, l’homme et le garçon vont s’ouvrir l’un à l’autre et trouver ce qui leur est essentiel : l’apaisement de la colère par la transmission de sa culture pour l’un et la découverte de son identité et de ses origines pour l’autre. »

Mon avis

Cette histoire m’a bouleversée du début à la fin. Je ne pensais pas m’attacher autant à des personnages !

Cette bande dessinée au rythme soutenu place au premier plan un anti-héros, Little Knife, qui rêve de justice. Ce dernier, accompagné de ses deux acolytes, va embarquer malgré lui un enfant dans son périple : Georges.

C’est tout un monde qui va s’ouvrir au jeune garçon : celui de ses origines, de son peuple et de ses valeurs, que les responsables du pensionnat catholique dans lequel il a grandi ont essayé d’effacer. Alors que Little Knife est en quête de vengeance, Georges part en quête d’identité.

Notre mode de vie disparaît, nous ne pouvons plus parler notre langue. Nos habitations traditionnelles, nos habits nous sont interdits. Ces plumes et ces nattes sont tout ce qui me reste. Ce sont mes vestiges.

Neyef nous livre un récit initiatique de plus de 200 pages que l’on ne voit pas défiler. Il réussit à mettre en avant des personnages travaillés, uniques, et des valeurs fortes. Cette BD est une perle rare.

Le format rend ce livre encore plus magnifique, car il laisse aux planches l’espace qu’elles méritent. Les illustrations captent l’attention. Bien que les traits et les couleurs soient délicats et doux pour les yeux, les dessins n’en sont pas moins percutants.

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Une ville paumée et des DVD piratés

Bonjour !

Je vous retrouve aujourd’hui pour vous parler de :

La Contrebande Society de Forest Hills, roman graphique de Dave Baker et Nicole Goux paru en février 2023 aux éditions Sarbacane

Le résumé

« Quand Kelly, Brooke, Maggie et Melissa achètent le DVD piraté d’un film de Miyazaki, elles ne s’attendent pas à visionner un film d’animation intitulé Super Love XL où le personnage principal, plus « olé olé » que « kawaï », est une humanoïde géante qui tire des rayons laser avec ses seins. Passé le choc — et la fascination, il faut bien le dire —, les filles montent un plan pour revendre des copies de ce film 20 dollars pièce aux garçons de leur école chrétienne très conservatrice. Au début, tout se passe comme prévu. Mais victimes de leur succès, les amies sont vite obligées de produire de nouveaux DVD piratés, s’exposant toujours plus au risque de se faire pincer…
Ajoutez à cela des conflits amoureux au sein de la bande de copines et la situation ne tarde pas à devenir incontrôlable et explosive… ! »

Mon avis

Dès les premières pages, j’ai su que j’allais adorer ce roman graphique, qui a de quoi plaire au plus grand nombre !

Le premier coup de cœur a été pour la narration, qui est assez originale, puisqu’elle mélange l’intrigue principale et des apartés. Ces derniers, qui prennent la forme de cartouches discrets ou de pages complètes, donnent aux lecteurs des informations sur chaque lieu et chaque personnage en temps voulu.

Ainsi, à mesure que les protagonistes entrent dans le récit, on apprend des détails sur leur caractère, leur passé, leurs passions, leurs tourments… Les quatre jeunes filles sont réalistes et attachantes, très différentes les unes des autres. Le fait qu’elles se complètent bien donne du dynamisme à leur groupe, mais également à l’histoire.

On peut dire, sans trop se tromper, que ce qui a accompagné Brooke avec le plus de constance tout au long de sa vie est un sentiment de profonde solitude. Aujourd’hui encore.

Les thèmes abordés sont forts : homosexualité, religion, endoctrinement, problèmes familiaux, dépendance affective, problèmes financiers… Il y en a une multitude, mais ils sont tous mis en avant de manière juste et crédible.

Les illustrations sont très belles, dans une bichromie douce qui rend les traits des personnages assez simples, mais qui remplit les lieux de détails. Certaines doubles-pages, dont celles des chapitres, sont captivantes, et on passe autant de temps à lire les dialogues et les apartés qu’à admirer les recoins de chaque page.

J’ai beaucoup apprécié la fin, dans laquelle les difficultés vécues par les quatre filles ne se résolvent pas par magie…

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Même dans les fictions, il y a des problèmes avec La Poste

Bonjour !

Je vous retrouve aujourd’hui pour vous parler de :

Lettres perdues, bande dessinée de Jim Bishop parue en 2021 aux éditions Glénat

Le résumé

« Comme tous les matins, Iode attend impatiemment cette lettre que le facteur tarde à lui apporter. Surement une blague de ce farceur de poisson-clown qui s’amuse à livrer son courrier aux voisins… Ou peut-être a-t-il simplement été égaré ? Il n’y a qu’un seul moyen d’en avoir le cœur net : se rendre en ville.
Embarqué dans sa petite auto vert pomme, Iode fait la rencontre de Frangine, une autostoppeuse au caractère bien trempé qui effectue une livraison pour le compte du mystérieux groupe mafieux « la pieuvre ». Seulement, lorsque cette dernière décide de lui fausser compagnie, le jeune garçon s’inquiète et décide naïvement de partir à sa recherche. Sans le savoir, Iode vient de mettre les pieds dans une affaire qui le placera au cœur d’un terrible drame. »

Mon avis

Je pense avoir eu un coup de cœur pour cette BD tant j’ai apprécié la lire, mais je suis sceptique quant aux dernières pages… Je vais donc vous donner mon avis sur le récit hors dernières pages, puis vous détailler un peu pourquoi elles ne m’ont pas convaincue !

Et parfois quand on a peur, on fait ou dit des choses qu’on regrette.

L’univers créé par l’auteur est incroyablement riche, autant au niveau des décors que des personnages et de leur passé. Je dois vous avouer que j’ai eu beaucoup de mal avec Iode, que j’ai trouvé pénible et naïf, mais dont j’ai compris le caractère à la fin du livre. L’action est très prenante, on ne s’ennuie pas grâce aux rebondissements et aux questions que l’on se pose sur l’intrigue.

Les illustrations sont magnifiques, les couleurs sont vives et la palette de couleurs utilisée est vaste, ce qui permet à chaque page d’être différente de la précédente. Le trait de Jim Bishop est délicat, les personnages ont un visage expressif, on sent la quantité de travail qu’il y a derrière chaque case.

La révélation finale fait sens, et remet toute notre perception du récit en question, en nous poussant à l’analyser d’un nouveau point de vue.

Cependant, l’histoire continue après cette révélation, alors que j’aurais trouvé plus juste qu’elle s’arrête. L’action des dernières pages se passe un an après, mais n’a pas de réel sens vis-à-vis de l’intégralité de la BD. J’aurais préféré que le saut dans le temps soit supprimé, ou comblé avec des informations allant dans le sens de ce qui se passe ensuite, afin qu’elle soit vraiment percutante. En l’état, elle n’a pas grand intérêt à mon sens.

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S’enfermer dans le silence après un traumatisme…

Bonjour !

Je vous retrouve aujourd’hui pour vous parler de :

Speak, roman graphique de Laurie Halse Anderson et Emily Carroll paru en 2019 aux éditions Rue de Sèvres

Le résumé

« Melinda a 15 ans. Ce soir d’été, au beau milieu d’une fête, la jeune fille est victime d’un drame. Elle appelle la police. Personne ne saura jamais pourquoi elle a lancé cet appel, ni ce qu’il lui est arrivé cette nuit-là. Tout simplement parce que Melinda, murée dans son silence, ne parvient pas à l’exprimer… »

Mon avis

Coup de cœur pour ce roman graphique juste et bouleversant !

Dans ce récit, on apprend à connaître Melinda page après page. Son histoire est dévoilée petit à petit, et elle se renferme sur elle-même à mesure qu’on découvre son traumatisme. Melinda est une jeune fille à laquelle on peut rapidement s’identifier. Elle n’arrive pas à parler de son traumatisme, c’est une paria dans son lycée car ses camarades la mettent de côté à cause de rumeurs et de jugements non fondés.

Les sujets sensibles qui sont abordés le sont de manière juste et réaliste. Il n’est pas question de faire la part belle au pardon, de romantiser les agressions physiques et sexuelles, ou d’utiliser le « pouvoir de l’amitié » pour faire se rabibocher des personnages qui étaient dans une relation toxique.

C’est arrivé. Impossible de l’ignorer, de l’oublier. De fuir, de s’envoler, de s’enterrer, de se cacher. Andy Evans m’a violée en août dernier. Je n’y suis pour rien. Il m’a fait du mal. Je n’y suis pour rien. Et je ne vais pas laisser ce truc me ronger. Je vais grandir.

Les illustrations sont magnifiques et traduisent à la perfection l’état mental du personnage principal : le fait qu’elles soient en noir et blanc permet de jouer avec l’ombre et la lumière sur chaque page. La forme est assez libre, certaines cases prennent énormément d’espace sur la double-page et sont par conséquent plus impactantes.

En bref, vous DEVEZ lire ce roman graphique car il va vous marquer, et il permet d’aborder sans aucune fausse note des thèmes dont il faut parler.

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Un puzzle littéraire

Bonjour !

Je vous retrouve aujourd’hui pour vous parler de :

Connexions : faux accords, bande dessinée de Pierre Jeanneau parue en 2020 aux éditions Tanibis

Le résumé

« Prévu en deux tomes, Connexions est un récit labyrinthique qui se déroule dans une grande ville contemporaine.
Dans chacun des six chapitres de ce premier opus, nous suivons un personnage différent. Son histoire commence dans une pièce, dans un recoin de la page. En se déplaçant, il fait apparaître peu à peu son environnement, en vue isométrique, à la manière de certains jeux vidéos. Pierre Jeanneau parsème son récit de zooms sur des éléments du décor – une photographie, une lettre – autant d’indices permettant au lecteur de reconstituer le passé des personnages. »

Mon avis

Gros coup de cœur pour cette bande dessinée à la forme très originale et au récit prenant.

L’auteur a un grand sens du détail, qui permet de découvrir des éléments cachés à chaque double-page, à la manière d’un cherche et trouve. Il faudrait relire le livre plusieurs fois pour en saisir chaque trait, chaque fragment, et pouvoir l’apprécier à sa juste valeur.

L’histoire est captivante, mystérieuse, car on découvre les personnages principaux au compte-gouttes. Les liens qui les unissent, leur passé, les épreuves qu’ils ont traversées nous semblent floues au départ, mais se précisent au fil de la lecture. Il est impossible de poser la BD pour faire autre chose tant elle est saisissante.

Quand ma mère me demande pourquoi je repars, je ne peux pas lui avouer que je me sens plus étranger chez moi que n’importe où ailleurs.

Les personnages sont travaillés et leur caractère est aussi détaillé que le sont les illustrations. C’est un plaisir de lire une BD aussi complète sur le fond que sur la forme. Je ne peux que vous recommander de lire ce petit bijou, un puzzle littéraire dans lequel chaque bribe du récit et du dessin constitue un infime pas vers la compréhension de l’intégralité de sa substance.

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Une famille haute en couleurs

Bonjour !

Je vous retrouve aujourd’hui pour vous parler de :

La famille Vieillepierre, série de Joe Todd-Stanton, dont le premier tome est paru en 2019 aux éditions Sarbacane

Le résumé du premier tome

« Arthur, jeune Islandais, aime s’aventurer dans la forêt pour en rapporter des objets magiques. Un jour, du haut d’un arbre, il voit un monstrueux loup noir renverser le grand feu qui réchauffe les habitants du village pendant les mois d’hiver. Atrix, la doyenne, confie à Arthur la mission d’aller chercher le dieu de la foudre, le seul capable de rallumer le feu, de l’autre côté de la mer. »

Mon avis

Chaque album de la série vous plongera dans une culture différente : vous en apprendrez plus sur les légendes de plusieurs endroits dans le monde grâce aux personnages, mais aussi grâce aux très belles cartes que vous pourrez admirer avant, pendant et après la lecture (elles sont si belles qu’on y revient plusieurs fois !).

L’auteur aime transmettre des valeurs dans ses livres, les albums de cette série mettent en avant des personnages qui ont du mal à avoir confiance en eux, qui ont des peurs et doivent les dépasser en faisant preuve de beaucoup de courage.

Les histoires peuvent se lire indépendamment les unes des autres, bien qu’elles suivent un fil rouge : l’histoire de la famille Vieillepierre et les exploits ayant été accomplis par ses membres. Ainsi, on suit Arthur dans le premier tome, Lucie dans le second, Kaï dans le troisième et Léo dans le dernier. Chaque enfant est unique, curieux, et possède ses forces et ses faiblesses : cela permet aux jeunes lecteurs et lectrices de pouvoir facilement s’identifier à l’un d’eux.

Voici mon bien le plus précieux : une modeste collection de livres, renfermant les histoires de terres et d’êtres tombés dans l’oubli depuis des lustres, et racontées par ceux-là même qui ont réuni ces pièces étonnantes – mes ancêtres !

J’ai eu un petit coup de cœur pour le second tome, car en voyant Lucie je me suis revue il y a des années, à douter de moi et avoir peur du noir. Elle est attachante et adorable, et son histoire m’a davantage touchée que les autres, même si je les ai adorées.

Le récit est dynamique, les personnages sont uniques, et leurs aventures tiendront en haleine les petits comme les grands !

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Un joli petit coup de cœur pour bien démarrer l’année

Bonjour !

Je vous retrouve aujourd’hui pour vous parler de :

Seizième Printemps, bande dessinée de Yunbo parue en 2022 aux éditions Delcourt

Le résumé

« À cinq ans, la jeune renarde Yeowoo part vivre à la campagne chez son grand-père et sa tante. Rejetée par les siennes, une poule jardinière, Paulette, devient sa nouvelle voisine. Cette dernière n’a jamais pu pondre d’œufs et considère la petite renarde solitaire comme son propre enfant. Avec son aide, Yeowoo mûrit, grandit et commence à apprécier la vie à la campagne, la vie tout simplement. »

Mon avis

Coup de cœur pour cette bande dessinée très touchante et incroyable visuellement. Merci au Père Noël de l’avoir placée sous le sapin !

Dans cette histoire pleine de poésie et de métaphores, on suit une jeune renarde abandonnée par ses parents lors de leur divorce. Elle a du mal à accepter de devoir vivre chez son grand-père et sa tante, qu’elle ne connaît pas, et l’atmosphère est plus que tendue entre eux.

Le récit est juste, car il n’est pas question pour l’autrice d’embellir la situation. On découvre au fil des pages le passé des personnages qui entourent Yeowoo, et notre cœur se sert à mesure que l’on s’attache à eux. Tous ont des torts, des défauts, mais ils ont avant tout une belle personnalité et des valeurs qu’ils souhaitent partager. L’enfance et l’adolescence de Yeowoo sont dépeintes de manière très réaliste, ses émotions se déchaînent alors qu’elle cherche à comprendre qui elle est.

Tu sais, Yeowoo, on ne peut pas passer de l’hiver à l’été sans passer par le printemps.

Je me suis directement attachée à Yeowoo, ainsi qu’à Paulette, petite poule qui ne demande qu’à distribuer de l’amour à ses plantes, ainsi qu’à la jeune renarde. Toutes les deux forment rapidement une famille, car elles ont une chose en commun : rejetées de l’endroit dans lequel elles vivaient, elles doivent tenter de s’adapter à un nouveau lieu et des nouvelles personnes.

Ce livre fait partie de ceux auxquels on ne peut pas rendre justice avec une chronique, tant ils sont bouleversants et beaux. Les illustrations contribuent à la douceur des propos des personnages, et vous plongeront dans un océan de douceur.

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Une BD bouleversante inspirée de faits réels

Bonjour !

Je vous retrouve aujourd’hui pour vous parler de :

Radium Girls, bande dessinée écrite et illustrée par Cy, parue en 2020 aux éditions Glénat

Le résumé

« Des destins de femmes sacrifiées sur l’autel du progrès.

New Jersey, 1918. Edna Bolz entre comme ouvrière à l’United State Radium Corporation, une usine qui fournit l’armée en montres. Aux côtés de Katherine, Mollie, Albina, Quinta et les autres, elle va apprendre le métier qui consiste à peindre des cadrans à l’aide de la peinture Undark (une substance luminescente très précieuse et très chère) à un rythme constant. Mais bien que la charge de travail soit soutenue, l’ambiance à l’usine est assez bonne. Les filles s’entendent bien et sortent même ensemble le soir. Elles se surnomment les « Ghost Girls » : par jeu, elles se peignent les ongles, les dents ou le visage afin d’éblouir (littéralement) les autres une fois la nuit tombée. Mais elles ignorent que, derrière ses propriétés étonnantes, le Radium, cette substance qu’elles manipulent toute la journée et avec laquelle elles jouent, est en réalité mortelle. Et alors que certaines d’entre elles commencent à souffrir d’anémie, de fractures voire de tumeur, des voix s’élèvent pour comprendre. D’autres, pour étouffer l’affaire… »

Mon avis

J’ai adoré cette bande dessinée ! L’autrice a réussi à transmettre l’histoire des Radium Girls avec beaucoup de justesse, et des illustrations magnifiques.

Cy nous fait suivre le quotidien de femmes dont les jours sont comptés, qui n’en savent rien et qui l’apprennent bien trop tard. Ces femmes aiment sortir entre amies, rire, se donner à fond au travail, ce qui nous permet rapidement de nous identifier et de nous attacher à elles.

Lorsqu’elles commencent à avoir des problèmes de santé, il est impossible de ne pas ressentir d’empathie. En tant que lecteur, on veut revenir en arrière pour les avertir, et en profiter pour, au passage, mettre des claques aux personnes qui savaient que le radium était dangereux, mais qui n’ont jamais pris la peine de prévenir les principales intéressées.

Le jour où on a peint notre premier cadran, le compte à rebours s’est lancé.

J’ai beaucoup apprécié l’entretien avec l’autrice à la fin de la BD, qui évoque sa manière de traiter le sujet, les aspects les plus complexes de la création, l’étape des recherches… Cet échange était intéressant et agréable à lire, il apporte un petit plus à la BD.

Concernant le côté graphique, Cy réussit à merveille à transmettre des émotions grâce à quelques crayons de couleur, ses personnages sont rayonnants (pardonnez le jeu de mots), grâce à un trait doux et des couleurs chaleureuses. Les illustrations sont incroyables, vous allez vouloir feuilleter à nouveau le livre après l’avoir terminé.

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Vous aussi, vous n’aviez pas d’amis au collège ?

Bonjour !

Je vous retrouve aujourd’hui pour vous parler de :

Elliot au collège : Panique en sixième, écrit et illustré par Théo Grosjean et paru en janvier 2023 aux éditions Dupuis

Le résumé

« À peine arrivé dans la cour de récréation pour sa première journée de collège, le jeune Elliot, légèrement stressé de nature, voit ses angoisses se matérialiser sous la forme d’une grosse mascotte orange qui se propose de le guider dans les méandres impitoyables de l’adolescence.
Banc réservé aux populaires, difficulté de se faire des amis dans ce monde de requins quand on a encore une tête de bébé, cours de natation quand on est le seul à porter un slip de bain et quand le bonnet vous fait une tête d’œuf… les avertissements de cet étrange ange gardien complètement paranoïaque ont surtout un effet immédiat sur Elliot : le stresser encore bien davantage ! Et faire de ces passages obligés et délicats que sont le collège et l’adolescence un véritable enfer ! »

Mon avis

Coup de cœur pour cette bande dessinée ! Théo Grosjean s’inspire de son adolescence pour nous livrer un récit réaliste et très drôle, qui aborde l’anxiété, l’adolescence, l’amitié, le premier amour…

Qui n’a jamais perdu ses mots lors du fameux tour de table de début d’année scolaire ? Qui n’a jamais eu peur de se retrouver tout seul en plein milieu de la cour ? Qui n’a jamais angoissé en prévision du cours de natation du vendredi matin ?

Si vous avez levé la main à plusieurs reprises, vous allez vous retrouver en Elliot, ce petit collégien attachant et en proie à ses angoisses. Son ami imaginaire l’accompagne partout, mais le laisser prendre des décisions à sa place n’est pas malin, car cela revient à laisser ses peurs diriger sa vie.

– Je… Je croyais qu’elle était dans ma tête… ?
– C’est le cas. Mais ça ne veut pas dire qu’elle existe pas ! Y’a rien de plus réel que l’angoisse.

J’ai beaucoup aimé voir l’évolution du personnage principal, qui décide parfois d’aller contre son anxiété et d’agir sur des coups de tête. Il grandit énormément pendant le récit, et l’épilogue nous confirme qu’il comprend mieux son anxiété et qu’il apprend à cohabiter avec elle, bien qu’elle ne soit pas toujours de bonne compagnie.

Encore une fois, Théo Grosjean réussit l’exploit de représenter l’anxiété avec justesse et humour. La série va grandir en même temps que son personnage principal, puisque les formats vont changer au fur et à mesure des tomes (taille, pagination…). C’est une originalité éditoriale qu’il me tarde de voir !

N’hésitez pas à aller lire les chroniques de L’œil du cyclone et de L’homme le plus flippé du monde !